Retailleau fait feu de tout mégot

De la ministre des Anciens combattants à Valeurs Actuelles, en passant par Retailleau et le RN, tous les tenanciers de fonds de commerce bleu-blanc-rouge ont hurlé en chœur à l’infamie. « Ce geste souille la mémoire de nos soldats », « un outrage à la mémoire de ceux qui sont tombés pour la France », « le symptôme du mal-être français ». Le fumeur en question étant marocain, l’occasion de répandre leur bile raciste était trop belle !

Mais derrière ce qu’ils ont tous présenté comme une attaque antifrançaise, il n’y avait rien d’autre qu’un mal-être en effet, mais celui d’un travailleur totalement innocent de ce qu’on lui prête comme intention. Ce conducteur d’engins venu travailler à Paris, dormait sur son chantier faute de revenus suffisants, et souffrant d’alcoolisme et de troubles psychiatriques, il semble avoir agi sans conscience des conséquences possibles.

La justice l’a, malgré les circonstances, condamné à trois mois de prison avec sursis pour profanation de sépulture, et Retailleau, considérant qu’il s’agissait d’une « atteinte insupportable à un symbole de la mémoire nationale » a renchéri en annonçant qu’il retirera à ce travailleur son titre de séjour, alors qu’il vit en France depuis presque quarante ans avec sa famille.

Mais la pire insulte à la mémoire des soldats de 1914-1918 n’a rien à avoir avec cette cigarette d’un ouvrier. Elle émane de tous ceux qui continuent à se servir du souvenir des morts des guerres du passé, pour glorifier celles-ci et les guerres qu’ils préparent dans l’avenir.