“Travailler plus” : au seul bénéfice des patrons23/07/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/07/une_2973-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Article du journal

“Travailler plus”

au seul bénéfice des patrons

Bayrou et ses ministres martèlent sur tous les tons que l’on ne travaille pas assez en France et que la population va devoir se retrousser les manches.

Outre la suppression de deux jours fériés, il est question de faire pression sur les salariés pour qu’ils renoncent à une semaine de congés payés, en échange d’une petite hausse de salaire. Le gouvernement envisage également d’allonger la période de carence en cas d’arrêt maladie : actuellement de trois jours, cette période sans indemnisation pourrait passer à six. La visite médicale de reprise du travail après un arrêt de longue durée serait aussi remise en cause, Bayrou prétendant que « des dizaines de milliers de personnes qui souhaiteraient reprendre le travail en sont empêchées » par le manque de médecins du travail. Mais si c’était vrai, ne suffirait-il pas d’en embaucher ? Ce n’est qu’un mensonge parmi bien d’autres, comme celui qui consiste à faire croire que les entreprises n’arrivent pas à embaucher et qu’il faut donc réduire encore les conditions d’indemnisation des chômeurs pour les pousser à accepter n’importe quel emploi. Le gouvernement Bayrou envisage d’augmenter encore une fois la durée pendant laquelle il faudra avoir travaillé pour toucher une indemnité de chômage, et de limiter l’indemnisation après une rupture conventionnelle.

Tout cela serait justifié, selon Bayrou, par l’urgence d’une « reconquête de la production », la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet expliquant que la France « a le produit intérieur brut par habitant d’un pays en voie de paupérisation ». Mais qui contrôle la production et les embauches, si ce n’est le patronat ? Or, selon la CGT, près de 400 plans de licenciements sont en cours, menaçant quelque 300 000 emplois. En mai dernier, France Travail recensait 5,6 millions de chômeurs inscrits, dont plus de 3 millions en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité. Et l’État aggrave lui-même la situation en réduisant les effectifs des services publics : 3 000 suppressions de postes sont encore prévues dans le prochain budget.

Tandis que le chômage de masse s’aggrave, la pression sur ceux qui ont un emploi pour qu’ils produisent plus et plus vite ne fait que s’accroître. Alors la richesse du pays ne diminue pas : elle est simplement de plus en plus concentrée entre les mains de la bourgeoisie. Les seules entreprises du CAC40 ont fait 133 milliards d’euros de bénéfices en 2024, alimentant la fortune des plus riches, dont les 500 premiers possèdent collectivement 1 128 milliards d’euros.

Quand Bayrou déclare qu’« il faut que la nation travaille davantage », il faut comprendre en fait que les travailleurs en activité devraient s’épuiser encore plus à la tâche, venir travailler même malades et accepter de voir se réduire le nombre de leurs jours de repos, tandis que ceux qui sont au chômage s’enfonceraient encore plus dans la pauvreté. Ce plan d’attaques ne laisse au monde du travail que le choix de s’organiser et de se mobiliser pour imposer l’inverse : des embauches et une répartition du travail entre tous ceux qui ont besoin de travailler, en prenant sur les profits et les fortunes capitalistes pour assurer des salaires décents à tous.

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