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Dans le monde
Vietnam
Macron à la reconquête des marchés
En visite au Vietnam le 26 mai, Macron n’était pas seulement accompagné de Madame, mais surtout d’une brochette de patrons français avides de contrats profitables. Cet intérêt subit pour l’ancienne « perle de l’empire colonial français » n’est pas sans lien avec la guerre commerciale actuelle.

Durant ce voyage, Macron a prétendu rendre hommage aux combattants pour l’indépendance du Vietnam. Servir les profits vaut bien, si ce n’est une messe, au moins une cérémonie hypocrite.
Le Vietnam attire les entreprises européennes et donc françaises, qui espèrent recueillir au moins des miettes de l’affrontement économique entre les États-Unis et la Chine. En effet, depuis des décennies, le régime dit communiste, qui règne et impose son autorité sur la classe ouvrière, permet aux entreprises étrangères d’y venir produire à bas prix des marchandises destinées à l’exportation. Des capitaux japonais, coréens et chinois y sont donc investis depuis plusieurs années. Entre 2017 et 2023, 248 milliards de dollars auraient été investis par des entreprises étrangères au Vietnam, d’après le journal Les Échos. C’est autant que la totalité des investissements étrangers dans le pays durant les trente années précédentes. Après la Chine, le Vietnam est ainsi devenu le nouvel eldorado de l’exploitation et de la production, d’autant qu’il est plus que la Chine protégé de la guerre économique avec les États-Unis. Selon les dernières projections de la banque JP Morgan, « Le Vietnam fabriquera, en 2025, 65 % des AirPod de la firme américaine, 20 % de ses iPad et encore 20 % de ses Apple Watch ».
Or Trump menace maintenant le Vietnam de droits de douane importants (46 %) afin de combattre le déficit commercial américain de 123 milliards de dollars avec ce pays. Il veut s’en prendre en particulier aux produits chinois qui sont exportés aux États-Unis via le Vietnam et sont donc moins taxés que ceux qui arrivent directement de Chine.
Vu l’importance de ses exportations vers les États-Unis, le Vietnam est déchiré entre la nécessité de maintenir de bonnes relations avec l’impérialisme américain et la place importante qu’occupent dans son économie les exportations massives vers son voisin chinois. Maintenir un équilibre entre ces deux enjeux est une préoccupation des dirigeants vietnamiens. C’est pourquoi Macron et les autres capitalistes européens espèrent saisir l’occasion d’avancer leurs pions. Les capitalistes français pourraient ainsi retrouver une place sur le marché vietnamien, après être tombés à moins de 1 % de ses importations.
Après la défaite mémorable subie par l’armée française à Dien Bien Phu il y a 71 ans, Macron voudrait bien que la présence coloniale trouve une suite. Ainsi, les profits des capitalistes français d’aujourd’hui seraient dans la continuité.