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Leur société
Accord USA-UE : leur guerre commerciale n’est pas la nôtre
Après des mois de déclarations fracassantes de Trump sur la nécessaire augmentation générale des droits de douane sur les marchandises entrant aux États-Unis, un accord commercial entre ceux- ci et l’Union européenne a finalement été signé, dimanche 27 juillet.
Le but de Trump est aussi clair que connu : dans une période de guerre commerciale attisée par la crise économique mondiale, il s’agit d’aider les capitalistes américains à supplanter la concurrence. Trump qualifie l’accord de « plus grand deal jamais conclu », laissant entendre que, désormais, la totalité des produits européens seront taxés à 15 % à l’entrée aux États-Unis, au lieu de 5 % en moyenne aujourd’hui. En fait, le premier secteur en valeur, l’industrie des médicaments, n’est pas concerné, pas plus que l’aéronautique. Les discussions sont toujours en cours pour l’agriculture et l’agroalimentaire. De plus, les grands trusts européens, VW, LVMH, les compagnies maritimes et les géants du médicament entre autres, négocient directement et pour leur propre compte avec l’administration américaine, quand ils ne le font pas avec Trump lui-même, dans l’une de ses résidences.
Ces accords particuliers permettront certainement aux plus grands groupes de sauver l’essentiel de leurs profits, ce qui ne les empêchera pas de se plaindre. Reste que, là où elle sera effective, la taxe de 15 % constituera une pression supplémentaire du capital américain sur ses concurrents européens. Elle vient après la quasi obligation, depuis la guerre en Ukraine, d’acheter de l’énergie et des armes aux États-Unis. La menace de certains gouvernements européens de taxer en retour les industries américaines du secteur numérique, Google, Amazon, Microsoft etc. a fait long feu et n’a même pas été abordée lors du sommet.
La démonstration de force américaine est donc écrasante. La représentante de l’Europe a dû se déplacer dans une propriété privée du milliardaire-président, attendre qu’il ait fini sa partie de golf, mettre sa signature dans la case prévue et, malgré tout, sourire aux caméras. La mise en scène, encore plus que le contenu économique, a montré que l’impérialisme américain est le patron et qu’il peut pressurer la concurrence, à commencer par celle de ses alliés du vieux continent. Et c’est bien ce que voulait Trump.
En France, les porte-parole du grand patronat, constatant que la guerre commerciale se durcit, annoncent déjà qu’ils devront sûrement licencier, augmenter la compétitivité de leurs entreprises et avoir l’aide de l’État, quitte à faire des économies sur les budgets sociaux. Autrement dit la concurrence américaine sera un argument supplémentaire pour obliger à travailler plus, plus longtemps, plus vite, en étant moins payé, avec moins de services publics, d’écoles, d’hôpitaux, de routes, de logements sociaux…
La guerre commerciale des capitalistes se mène avec la peau des travailleurs. Eh bien, ceux-ci n’ont aucune raison de s’y plier.