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Dans le monde
Afghanistan : séisme dans un pays dévasté
D’une magnitude 6 et suivi d’au moins cinq répliques, un tremblement de terre a touché, dans la nuit du 31 août, tout l’Est de l’Afghanistan, la province de Kunar épicentre du séisme, et l’ensemble des provinces proches de la frontière avec le Pakistan.
Un deuxième tremblement de terre est survenu le 2 septembre, dont l’épicentre s’est trouvé cette fois à une trentaine de kilomètres au nord-est de la ville de Jalalabad. Le bilan était le 9 septembre de 2 200 morts, et de plus de 4000 blessés. « [À l’est du pays] des villages entiers ont disparu, réduits à l’état de ruines, le nombre de victimes est très élevé, nous continuons notre progression vers les zones les plus reculées », rapportait un membre de l’organisation non gouvernementale française Acted, au lendemain de ces séismes.
Dans ces régions très pauvres où les maisons sont construites en boue et en terre, tout a été détruit. De nombreux corps sont ensevelis sous la boue et les décombres. Il s’agit de régions montagneuses, situées à plusieurs heures de voiture des centres urbains. Leur isolement rend l’accès des secours difficile. Les talibans interdisant aux hommes d’avoir un quelconque contact avec des femmes, même s’il s’agit de leur sauver la vie, nombre de celles-ci ont été laissées sous les décombres, et sont finalement décédées. Aux conséquences de la catastrophe naturelle s’ajoutent ainsi celles de l’obscurantisme du régime.
De plus, le séisme survient dans un pays où la population vit dans un extrême dénuement : la moitié des 38 millions d’habitants dépend de l’aide humanitaire. La suspension depuis le mois de février de 80 % de l’aide américaine a encore aggravé la situation, de même que la baisse du budget alloué par l’État français dans le cadre de l’aide au développement. Près de 420 centres de soins ont fermé. Beaucoup de familles touchées par le séisme venaient tout juste de rentrer en Afghanistan, chassées d’Iran et du Pakistan voisins.
La dictature féroce imposée par les talibans est une autre catastrophe dont les femmes, qui n’ont plus aucun droit, pas même celui de parler ou de chanter, même chez elles, sont les premières victimes. Face à une population qui pourrait être tentée de se révolter, les talibans resserrent de mois en mois leur étau sur toute la société. Mais toute cette situation est la conséquence des plus de quarante années de guerre dans lesquelles le pays a été plongé. Après 1989 et la fin des dix années d’intervention de l’URSS, l’impérialisme américain, soutenu par une coalition de pays dont la France, a pris le relais. Les États-Unis ont alors mené vingt années d’une guerre destructrice et sanglante – 100 000 civils sont morts – en prétendant vouloir apporter la liberté et la prospérité. Mais si cette intervention a pu apparaître comme libératrice pour une petite couche de la population des villes, elle n’a fait qu’aggraver la situation générale et elle a créé les conditions d’un retour des talibans au pouvoir dans un pays dévasté et terriblement appauvri. Le désastre du tremblement de terre, aussi terrible qu’il soit, restera encore bien en deçà de ce désastre humain.