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Leur société
Cour des comptes : contre les malades
Dans un rapport publié le 5 septembre, la Cour des comptes pointe à nouveau du doigt les 36 milliards d’euros de dépenses de remboursement de médicaments par l’Assurance maladie en 2023, en hausse de 12 % par rapport à 2019.

La ligne directrice de ce rapport sur « le bon usage des produits de santé » est claire : la population se soignerait trop ! La Cour des comptes, toujours prompte à proposer de nouvelles coupes budgétaires contre les classes populaires, avance que les médicaments et autres béquilles, fauteuils roulants ou pansements prescrits mais non utilisés ou non recyclés, représenteraient entre 0,5 et 1,7 milliard d’euros de perte par an.
Dans cette société capitaliste, le gâchis du travail humain et des ressources est une évidence quotidienne et révoltante. Mais les responsables de ce gaspillage ne sont ni les médecins prescripteurs ni les patients visés par le rapport de la Cour des comptes. Ce sont en revanche les laboratoires pharmaceutiques mus par le seul intérêt de leurs actionnaires. Le rapport évoque à demi-mot des choix qui leur permettent de multiplier leurs ventes. Ce sont ainsi eux qui décident du conditionnement des médicaments, quitte à ce que le nombre de pilules par boîte soit supérieur à celui qui est nécessaire pour un traitement. Ils jouent aussi sur les dates de péremption : le rapport cite l’exemple d’un anti-cancéreux dont chaque dose coûte plusieurs milliers d’euros et est considérée comme périmée au bout de trente-six heures, alors qu’elle pourrait être utilisée pendant 28 jours. Mais ces constats débouchent sur une simple recommandation « d’élargir la question des délais de péremption et des conditionnements » lors des négociations entre les entreprises et la Sécurité sociale sur la fixation des tarifs des médicaments. Pas de quoi trembler pour les représentants des laboratoires, qui ont l’habitude d’imposer leurs prix à la Sécurité sociale, tout à fait consentante à ce racket !
Le rapport vise aussi les « usages inappropriés des médicaments » et a l’indécence de prendre pour exemple... le Mediator ! Alors que le laboratoire Servier a été reconnu coupable de tromperie aggravée, d’homicides et de blessures involontaires, la Cour des comptes, elle, vise les patients et les prescripteurs, sans un mot contre la famille Servier qui a promu ce médicament, et a gagné grâce à lui 30 millions d’euros par an pendant trente ans, avec la complicité des autorités sanitaires.