Crise parlementaire, crise politique : la façade craquelée de la société capitaliste10/09/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/09/P3-1_Choix_Lecornu_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Leur société

Crise parlementaire, crise politique : la façade craquelée de la société capitaliste

Comme prévu, le vote de confiance organisé lundi 8 septembre par Bayrou a conduit à la chute de son gouvernement, votée par 364 députés sur 577, dont ceux du RN et de toute la gauche, du PS à LFI.

Illustration - la façade craquelée de la société capitaliste

Le 9 septembre, Macron a nommé Sébastien Lecornu Premier ministre, mais le feuilleton ne fait sans doute que commencer.

Depuis, chacun poursuit ses calculs. Si le PS postulait au poste de Premier ministre, les macronistes tentent de former une coalition de gouvernement. Le RN réclame une dissolution de l’Assemblée nationale, et LFI une présidentielle anticipée.

Ce spectacle pitoyable n’est que la suite d’une crise parlementaire, et même d’une crise du système politique, commencées bien avant le 8 septembre. Pendant des décennies, la droite et la gauche ont pu alterner au pouvoir, l’usure des uns permettant aux autres de se représenter. Mais ce mécanisme bien huilé, qui permettait bon an mal an de poursuivre la même politique en faveur de la bourgeoisie, s’est peu à peu grippé. Sans remonter plus loin, Sarkozy n’a pas réussi à se faire réélire en 2012, et Hollande n’a même pas essayé de se représenter en 2017. Le discrédit des partis de droite et de gauche traditionnels a ouvert la voie à Macron, qui avait montré, comme ministre de l’Économie de Hollande, qu’il était un serviteur fiable de la bourgeoisie. Mais, après cinq années d’attaques contre les travailleurs, il n’a dû sa réélection en 2022 qu’au fait que le RN et Le Pen n’apparaissaient pas encore, dans les milieux dirigeants, comme une alternative crédible. La dissolution de juin 2024 a révélé la vérité des prix : Macron est à son tour discrédité auprès des électeurs et former un gouvernement à partir de l’Assemblée alors élue relève du casse-tête.

Dans un contexte d’abstention massive et de dégoût pour la classe politique, ses bons scores obtenus en juin 2024 ont permis au RN de se rapprocher des portes du pouvoir. Pour y parvenir vraiment, il veut donner à la bourgeoisie tous les gages possibles. De son côté, La France insoumise cherche à ressusciter les illusions dans une alternative de gauche. Son langage radical vise à afficher une distance avec le Parti socialiste et avec ses expériences gouvernementales passées. Cela à peine plus d’un an après avoir fait élire des députés socialistes et même macronistes dans le cadre d’un front républicain.

Mais croire que l’arrivée au pouvoir des uns ou des autres permettrait de rompre avec la politique antiouvrière menée par tous les gouvernements passés serait une folie. Si les partis font tous la même chose une fois au pouvoir, quelles que soient leurs promesses, c’est parce qu’ils acceptent de s’y faire les gestionnaires d’un système capitaliste en crise. Dans un contexte de concurrence de plus en plus féroce et où les perspectives de débouchés se réduisent, la bourgeoisie ne sait trouver de solution qu’en aggravant l’exploitation des travailleurs. Cela se traduit par le blocage des salaires, l’augmentation de la pression au travail, les licenciements, et cela nécessite aussi que les gouvernements imposent des reculs dans tous les domaines : la retraite, le droit aux allocations de chômage, à la santé, aux services publics. Or, plus les attaques contre les travailleurs sont brutales, plus ceux qui les assument s’usent vite et perdent leur crédit auprès de la population. Voilà la raison de fond de la succession de plus en plus rapide des gouvernements et d’une crise qui n’est pas seulement celle de la façade parlementaire.

Cela pose un problème à la bourgeoisie, qui a besoin d’un pouvoir capable de faire accepter aux classes populaires de nouveaux reculs tels que ceux que Bayrou préparait avec son projet de budget. La résolution de la situation, au moins provisoirement, passera-t-elle par une dissolution, par une élection présidentielle ? Les institutions de la Ve République se maintiendront-elles ou ouvriront-elles la voie à un pouvoir plus autoritaire ? Ce que l’on sait déjà en revanche, c’est qu’aucun des partis qui postulent au pouvoir n’a l’intention de remettre en cause la dictature du profit capitaliste sur la société. Alors, tandis que les médias discutent du nouveau gouvernement et de la date des prochaines élections, l’urgence pour la classe des travailleurs est de se rendre capable de prendre la direction de la société.

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