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- Lutte ouvrière n°2972
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Leur société
Fûts immergés : irresponsabilité nucléaire
La question des déchets radioactifs et de leur dangerosité était connue dès les débuts de l’exploitation industrielle de cette source d’énergie, à partir de 1945.
Les industriels, les scientifiques et les États ont alors préféré aller au plus simple et traiter ces déchets comme ils avaient traité les munitions en surplus et les navires de guerre désarmés, en les coulant au large. Ce n’était parfois pas très loin, comme l’attestent les cartes marines qui signalent des « explosifs immergés », à quelques kilomètres des côtes bretonnes et britanniques.
Un moratoire sur la constitution de ces poubelles radioactives fut bien envisagé en 1975, mais l’interdiction définitive n’est intervenue qu’en 1993. Dans l’intervalle, 14 pays avaient eu le temps de constituer 80 décharges marines. La France, l’Allemagne, la Grande- Bretagne, la Suisse et la Belgique ont ainsi coulé 200 000 fûts, à 4 000 mètres de profondeur dans divers sites de l’Atlantique du nord- est.
Le 11 juillet, une expédition scientifique est rentrée à Brest après avoir contrôlé quelques-uns de ces fûts, qui ont depuis longtemps dépassé la date de péremption. Selon son premier rapport il n’y aurait pas de catastrophe immédiate en vue, mais il faut encore analyser les échantillons d’eau et les organismes vivants prélevés autour des décharges. Une autre expédition est prévue pour l’an prochain.
L’argument des responsables civils et militaires, avant 1993, consistait à dire que le fond de l’océan est un désert sans vie et que l’eau constitue une bonne protection contre les radiations. C’est le même type d’argument fallacieux qu’utilisent aujourd’hui les entreprises qui veulent faire des recherches minières dans les fonds océaniques. La seule vraie raison est que la recherche du profit passe avant toute considération. Or, la construction de centrales nucléaires a été et reste une affaire très profitable.
Pour ce qui est des conséquences, au mieux, il se trouvera une équipe de scientifiques, en général financés sur fonds publics, pour inventer une solution. Et au pire… personne ne sait.