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Editorial
À Gaza, un génocide dont les grandes puissances sont complices

Il aura fallu que les images insoutenables de corps décharnés par la famine fassent la Une de l’actualité dans le monde entier pour que le gouvernement israélien autorise le largage de quelques tonnes de vivres et le passage de camions d’aide alimentaire. Il a également annoncé des « pauses tactiques » dans les bombardements et les tirs, pendant quelques heures en journée et uniquement dans certains secteurs de Gaza.
Alors que des dizaines d’habitants, en particulier des enfants, sont déjà morts de faim en juillet, ces mesures dérisoires apporteront peut-être un peu de soulagement. Mais elles montrent surtout que Netanyahou a le pouvoir de décider d’autoriser ou d’interdire la survie de deux millions de Palestiniens, de provoquer ou non la lente agonie des plus fragiles, privés d’eau, de nourriture, d’hygiène. Et cela montre aussi que les puissances impérialistes le laissent faire.
À propos de la famine à Gaza, les dirigeants des grandes puissances y ont été de leurs déclarations indignées. Ils parlent de catastrophe humanitaire comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle soudaine. Mais cette famine a été organisée consciemment par les dirigeants israéliens. Ils ont commencé, il y a cinq mois, par bloquer l’aide humanitaire, chasser les ONG et instaurer quatre points de ravitaillement contrôlés par l’armée, où les affamés avaient plus de probabilités de se faire tirer dessus que de trouver à manger.
La politique de Netanyahou est explicite : après avoir détruit Gaza sous les bombes et tué plus de 60 000 personnes, il utilise la faim comme une arme, pour forcer les survivants à partir. Le gouvernement israélien parle de créer ce qu’il ose appeler une « ville humanitaire » dans le sud de l’enclave. En réalité, ce sera un camp de concentration où parquer les habitants avant de les forcer à quitter Gaza.
C’est cette politique de génocide et de nettoyage ethnique que les dirigeants impérialistes soutiennent depuis des mois, malgré leurs larmes de crocodile. Car si c’est l’État israélien qui mène cette sale guerre, il ne peut le faire que grâce à leur soutien matériel et politique. La plus grande puissance, les États-Unis, l’exprime sans détours : Trump a bien fait une vague promesse d’aide humanitaire à Gaza, mais il a surtout déclaré que c’est à Israël de décider de l’avenir.
Quant à Macron, il tente de jouer sa petite carte et de paraître moins aligné sur Netanyahou que Trump. Il a annoncé fièrement que la France reconnaîtra l’État de Palestine… en septembre prochain ! Alors que la France soutient l’oppression des Palestiniens depuis 77 ans, Macron peut bien reconnaître sur le papier un État de Palestine qui se résumerait à un amas de ruines à Gaza et à un territoire grignoté par les colons juifs d’extrême droite en Cisjordanie.
Aucune solution au sort des Palestiniens ne viendra de ces oppresseurs qui voudraient maintenant se faire passer pour des sauveurs. Les dirigeants impérialistes, eux-mêmes responsables du massacre et de l’oppression des peuples depuis des siècles, sont solidaires, depuis le début, de la politique colonialiste des dirigeants sionistes, relais de la domination des grandes puissances sur tout le Moyen- Orient.
Netanyahou et ses soutiens impérialistes présentent la guerre à Gaza comme la seule possibilité de protéger les Israéliens. Mais on ne peut pas garantir la prospérité des uns sur les cadavres des autres ! D’un côté, le fossé de sang creusé par l’État d’Israël fera émerger de nouveaux combattants, y compris pour les forces les plus réactionnaires. De l’autre, en Israël même, la situation renforce l’extrême droite et aggrave le caractère autoritaire de l’État israélien.
Pour que les peuples arabes et le peuple israélien puissent coexister fraternellement, dans une fédération de peuples égaux en droits, il faut mettre fin au colonialisme et à toute forme d’oppression. Cela suppose d’en finir avec la domination impérialiste sur le Moyen-Orient, responsable des crises et des guerres qui dévastent cette région depuis plus d’un siècle.
Nous n’avons pas seulement un devoir élémentaire de solidarité envers les opprimés et les morts de Gaza. Il nous faut prendre conscience que les travailleurs à l’échelle internationale sont la seule force qui puisse mettre fin au système impérialiste qui régente le monde et offrir un autre avenir que les bombes et la faim, non seulement aux Gazaouis, mais à toute l’humanité.
Bulletins d’entreprise du 28 juillet 2025