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Dans les entreprises
Hôpitaux : les lois du profit contre la santé
Depuis des décennies, les hôpitaux et la santé publique ne cessent de se dégrader. On entend pourtant que le système de santé français serait l’un des meilleurs au monde, ce qui indique surtout que nulle part le capitalisme n’est capable de subvenir aux besoins de santé de l’ensemble de la population.

La période du Covid a été un révélateur tout autant qu’un symptôme de l’état catastrophique du système de santé qui, comme tout ce qui est utile, subit les effets de la crise économique. Le choix de tous les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, a été de chercher à faire des économies, aux dépens des travailleurs de la santé, mais aussi des patients. Déserts médicaux qui s’étendent, tarification à l’acte, fermeture de lits par milliers, suppressions de postes, dégradation constante des conditions de travail… La liste est longue de toutes les attaques. Mais l’objectif est constant : faire des économies sur la santé tout en ouvrant grandes les portes des hôpitaux aux financiers.
Un débat, à la fête de Lutte ouvrière en juin dernier, a permis à des travailleurs de la santé de fournir des exemples de cette situation. Ainsi un éducateur d’un service d’addictologie montrait les conséquences de la tarification à l’acte, la T2A. Instaurée en 2004, elle pousse les hôpitaux à renforcer certaines activités, mieux financées par l’Assurance maladie, au détriment d’autres. Elle est un piège qui se referme tant sur les soignants que sur les patients. « On me demande de faire exactement l’inverse de mon boulot », disait-il, c’est-à-dire de cesser d’aider les patients à devenir autonomes en informatique, « car cet accompagnement numérique n’entre pas dans les activités qui rapportent ».
Il faut soigner, d’accord, mais surtout si c’est rentable : tel est le maitre-mot. Les hôpitaux publics sont devenus un vaste marché pour les capitalistes, qui tirent des profits de toutes sortes d’activités : ménage, confection et transport des repas des patients, livraisons de matériels dans tous les services, transport du linge, maintenance technique, entretien et rénovation des bâtiments, etc.
Ainsi, à l’hôpital de Dreux, le service de radiologie est utilisé par les travailleurs hospitaliers, mais après 21 h, la facturation est effectuée au profit d’une société privée qui ramasse l’argent… après avoir profité de leur travail et des machines financées par les deniers publics.
Dans la santé comme ailleurs, la seule chose qui inspire la crainte aux patrons ou aux directions et peut les inciter à reculer, est une mobilisation des travailleurs. Ainsi, dans un grand hôpital parisien, les aides- soignantes d’un service de rééducation de neurologie, épuisées et révoltées, ont réagi contre le sous-effectif constant depuis des mois, cinq aides-soignantes devant s’occuper de 37 patients. La colère a éclaté début juin quand elles ont averti : « On ne fera pas les toilettes des patients tant qu’on n’aura pas de collègues en plus. » Comme par magie, tous les arguments de la direction de l’hôpital – qui jusque-là les traitait d’incapables et de tire-au- flanc – ont disparu, et tous les trous du planning de juin ont été bouchés en... deux heures.
Dans un hôpital de Lyon le sous- effectif et les conditions de travail déplorables font comme ailleurs partie du quotidien. Mais pendant des semaines, les soignantes de Médecine interne ont mené un mouvement pour dénoncer la politique de rentabilité de la direction. Elles ont montré à tous qu’il était possible de relever la tête.
Face à une bourgeoisie parasitaire et à des gouvernements à son service, qui se fichent de la santé des populations comme de leur première blouse, c’est la seule voie à suivre.