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Leur société
LFI : mélenchonisme et radical-conformisme
Le parti de La France insoumise tient à se distinguer en expliquant que seule la démission de Macron offrira un débouché à la crise politique.

Mardi 9 septembre, ses députés ont déposé une motion de destitution du président de la République.
Macron est certes un ennemi des travailleurs qui a servi les possédants huit ans durant. Mais pourquoi présenter celui qui n’est qu’un pantin du patronat comme le responsable unique du drame ? Faire de Macron l’étrangleur suprême permet de faire de Mélenchon le possible sauveur suprême… après Mitterrand, Jospin ou Hollande.
Les militants de LFI font de la démission du président la condition nécessaire pour résoudre les problèmes des couches populaires. Selon eux, le départ de Macron, suivi de l’élection de Mélenchon à la présidence, permettrait de rejeter le plan de Bayrou, de revenir sur le recul de l’âge de départ en retraite, d’augmenter les impôts des plus riches, de conditionner les aides aux entreprises et de relancer l’économie par des investissements publics. En outre, Mélenchon promet de mener une politique internationale moins alignée derrière celle des États-Unis, avec en particulier la condamnation ferme du génocide en cours à Gaza. Mais il garantit également la défense des possessions françaises outremer grâce à une marine et à une armée bien équipées.
LFI propose « d’interdire les licenciements boursiers et économiques aux entreprises qui versent des dividendes ou bénéficient d’aides de l’État ». Ce serait en effet la moindre des choses. Mais des dispositions en ce sens existent déjà, et aucune grande entreprise n’a jamais eu la moindre difficulté pour prouver à l’État qu’elle ne pouvait pas faire autrement que de licencier. Au pire, elle vend le site qu’elle entend fermer à un margoulin qui se chargera du sale travail.
Les accents faussement radicaux de Mélenchon visent à donner l’illusion qu’il gouvernerait différemment de ce qu’a fait la gauche lors de ses précédents passages au pouvoir. Mais, quant aux moyens, il ne propose rien d’autre que de se fier au verdict des urnes et à la nouvelle majorité qui en sortirait, comme l’ont fait Mitterrand, Jospin puis Hollande avant de se conformer piteusement aux nécessités du capitalisme.
La dictature des patrons sur l’économie ne pourra être remise en question que par l’intervention directe des travailleurs. Encore faut-il les préparer à s’occuper eux- mêmes de leurs affaires, dans tous les domaines, et, pour commencer, ne pas leur faire prendre les vessies électorales pour les lanternes de la lutte de classe.