Il y a plusieurs années déjà, l’achat de manuels papier avait disparu au moins dans la moitié des lycées d’Île-de-France, sommés de choisir définitivement entre les supports, alors qu’il était simple de combiner la version numérique et papier d’un même manuel. Les professeurs étaient incités ou contraints à commander des licences numériques fournies par les maisons d’édition. La région a bien financé l’achat d’une tablette ou d’un petit ordinateur portable pour chaque élève, mais l’utilisation en salle de classe pose des problèmes techniques : le portable doit être chargé au préalable par l’élève, l’accès Internet ainsi que les applications doivent être disponibles. Cette utilisation pose aussi des problèmes pédagogiques, ajoutant une barrière supplémentaire entre l’élève et le professeur, sans parler de la tentation de faire tout autre chose sur cet ordinateur durant le cours.

Le résultat, selon la présidente de région Valérie Pécresse, est que 75 % des licences numériques achetées ne sont pas utilisées par les élèves. Elle en conclut qu’il faut diminuer drastiquement le financement de licences numériques, sans redonner la possibilité d’utiliser des manuels papiers. C’est donc la disparition programmée de tout manuel. Cela est particulièrement dramatique pour les enfants des classes populaires, pour qui les manuels sont parfois les seuls ouvrages structurant l’apprentissage auxquels ils accèdent durant l’année.

Selon le site Le Café Pédagogique, ce changement permettra de réduire l’investissement par élève de 75 à 16 euros par an. Pas besoin d’un manuel d’arithmétique, papier ou numérique, pour comprendre que le souci de Pécresse n’est pas pédagogique, il est budgétaire.