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Dans le monde
Des militants syndicaux emprisonnés
En Espagne, des militantes et militants du syndicat CNT (Confédération nationale du travail) ont été condamnés à trois ans et demi de prison ferme et y sont rentrés le 7 juillet.
Ces militants avaient participé il y a huit ans à des rassemblements devant la pâtisserie La Suiza, dont le patron avait interdit à une employée enceinte de rentrer chez elle.
Le patron a attaqué en justice, sûr de pouvoir compter sur sa compréhension. Le juge Lino Rubio, à l’origine de la condamnation, est en effet un chien de garde déclaré de l’ordre bourgeois. Il l’exprime lui-même dans une déclaration, disant que ce jugement exemplaire servira à ce « qu’on prenne très soigneusement la mesure de ce qui est exigé aux chefs d’entreprise et la manière dont on peut l’exiger ». Il souligne lui-même que cela pose « des limites non seulement à la liberté syndicale mais aux libertés en général ». C’est le même juge qui avait condamné à de la prison des ouvriers de la navale licenciés, il y a des années de cela, pour dégradation de matériel.
Au-delà du cas récent des « 6 de la Suiza », les travailleurs et ceux que cette société révolte sont nombreux. On peut citer les grévistes du métal de Cadix en juin, dont 25 ont été arrêtés. Ou bien les « 6 de Saragosse », des jeunes condamnés à trois ans de prison pour avoir participé à des manifestations contre l’extrême droite en 2019.
La « loi bâillon », votée sous la droite en 2015 dans un contexte de fortes mobilisations pour tenter de les casser, donne tout un arsenal juridique contre ceux qui voudraient relever la tête. La gauche l’a maintenue et utilisée à son tour depuis son retour au pouvoir en 2018. La ministre du Travail Yolanda Diaz, de la « gauche radicale », a beau se déclarer scandalisée par l’affaire, elle et les siens sont bien les dirigeants d’un État au service de la bourgeoisie, laquelle peut continuer à écraser des millions de travailleurs en toute impunité, jusqu’à la mort s’il le faut. Il y a eu plus de 800 morts au travail en Espagne en 2024 et, ces dernières semaines, beaucoup encore sont morts du fait de la chaleur. C’est le cas de José, mort dans une entreprise sous-traitante de Vinci au sein d’un centre industriel de la banlieue de Madrid. Les grands actionnaires de ce groupe ne craignent pas la prison.
La condamnation des « 6 de la Suiza » a choqué beaucoup de personnes, syndicalistes ou non, tant la peine paraît démesurée. Elle doit être un signal d’alarme pour tous les travailleurs. Il faudra que face au patronat, la riposte soit à la hauteur de ses attaques.