Nouvelle-Calédonie : le bilan de la répression s’alourdit10/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2980-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelle-Calédonie : le bilan de la répression s’alourdit

Une enquête du Monde vient de révéler que les autorités françaises avaient soigneusement caché la mort d’un jeune Kanak dans la prison de Camp-Est en Nouvelle-Calédonie.

Ce jour-là, le 13 mai 2024, à la suite de l’annonce de la réforme du corps électoral qui rendait une fois encore les Kanaks minoritaires dans leur propre pays, la colère avait gagné la jeunesse kanake et océanienne du territoire. Puis, pendant près de quatre mois, les jeunes, débordant tous les cadres, ont érigé des barrages, bloqué des routes, brûlé des bâtiments. Cette colère avait aussi gagné la prison de Camp-Est.

Cette prison, où la quasi-totalité des détenus sont des Kanaks et bien souvent des jeunes, n’est que le reflet brutal des travers de la société calédonienne. Dans cet archipel colonisé depuis plus de 150 ans, les Kanaks sont méprisés, plus souvent au chômage, parmi les plus mal payés, mal logés, victimes de racisme et de discrimination. La société que la bourgeoisie française et caldoche leur a imposée les laisse sans perspective et une partie de la jeunesse ne trouve comme issue que l’alcool et la petite délinquance. Pour toute solution, l’État français a reconverti l’ancien bagne en une prison vétuste où s’entassent 600 détenus pour 400 places, et où les suicides sont nombreux.

Ce 13 mai, alors que la révolte grondait à l’extérieur, les jeunes prisonniers aussi se sont mutinés, enfermant trois gardiens. À coups de grenades assourdissantes et de lacrymogènes, le RAID a alors pris d’assaut les locaux. Toute la nuit, les prisonniers ont dû subir humiliations et coups, dans les couloirs, dans la cour. Le jeune qui est mort ne participait pas à la mutinerie. Mais il a été lui aussi mis en joue et battu. Laissé sans soin, il a été retrouvé mort au petit matin.

La répression menée par la police et la gendarmerie française contre cette révolte démarrée le 13 mai 2024 a donc en fait entraîné la mort de douze Kanaks et non de onze. Mais l’État, lui, ne parle que des deux gendarmes et du Caldoche tués. La répression des prisonniers de Camp-Est est à l’image de l’oppression coloniale française imposée sur l’archipel depuis 1873, pleine de mépris et de brutalité.

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