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- Lutte ouvrière n°2974
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Leur société
Plan Bayrou : quelle riposte ?
Les annonces de Bayrou, visant à réaliser 44 milliards d’euros de coupes dans le budget 2026 de l’État et de la Sécurité sociale, sont une déclaration de guerre aux classes populaires.
Suppression de jours fériés, gel des retraites, des prestations sociales ou du barème des impôts, coupes dans la fonction publique, doublement des franchises médicales, déremboursements des médicaments, jours de carence supplémentaires, baisse de l’indemnisation des chômeurs, menaces sur le code du travail : chacune des mesures formulées par Bayrou vise les travailleurs, qu’ils soient actifs, au chômage ou en retraite. Ces attaques, présentées comme des pistes à affiner et à discuter, au Parlement ou avec les syndicats de salariés ou patronaux, sont aussi destinées à enfoncer dans la tête des travailleurs l’idée qu’ils devront consentir des sacrifices.
Beaucoup ont ressenti l’injustice de ce plan et certains, sans liens avec des syndicats, cherchent des voies pour s’y opposer. Ainsi des appels, relayés sur les réseaux sociaux, invitent, pour le 10 septembre et les jours suivants, à des actions allant du boycott des grandes enseignes à « un blocage illimité du pays ». Si, localement, des syndicats ont décidé d’appeler à la grève ce jour-là, les initiateurs se disent indépendants des partis et des syndicats. De leur côté, les confédérations syndicales ont dénoncé le plan d’austérité mais en sont encore à « réfléchir à une possible riposte commune », selon le secrétaire général de Force ouvrière.
Tous ceux qui refusent de subir les coups promis par Bayrou et Macron ont raison. Si elle prend corps, la journée de lutte du 10 septembre peut être une étape de la riposte. Mais le plus important et le plus urgent est de discuter, dans les entreprises et dans les quartiers populaires, des armes dont disposent les travailleurs pour se faire respecter, des adversaires qu’ils doivent affronter et des objectifs qu’ils doivent se donner quand ils entreront en lutte.
La force des travailleurs, c’est qu’ils produisent tout et que sans eux rien ne tourne dans la société. Cette position-là, au cœur des entreprises, leur donne autrement plus de poids que ne le donnerait un boycott de la consommation, prôné par certains initiateurs du 10 septembre, pour autant qu’il puisse être massif. La consommation de nombreux ménages ouvriers est d’ailleurs déjà réduite au minimum à cause des bas salaires et de la vie chère.
Les travailleurs ne peuvent pas davantage compter sur telle ou telle opposition parlementaire, la gauche ou le RN, pour entraver les projets du gouvernement. Ils l’ont vécu à leurs dépens lors de la dernière réforme des retraites : de l’article 49-3 à l’arbitrage du Conseil constitutionnel, le système parlementaire donne mille ressources au gouvernement pour imposer ses lois, même rejetées par la majorité de la population.
Une erreur serait de considérer que les responsables politiques sont les seuls responsables. Certes Macron, Bayrou et Cie, élus grassement payés pour serrer la ceinture des classes populaires, méritent la haine des exploités. Mais ils ne sont que des domestiques au service des capitalistes, principaux bénéficiaires des réformes antiouvrières. Les milliards volés aux classes populaires iront gonfler les comptes de Michelin, Sanofi ou Dassault. Supprimer des jours fériés, rallonger le temps de travail, réduire les indemnités des chômeurs, c’est intensifier l’exploitation et tirer tous les salaires vers le bas, pour le bonheur du grand patronat qui réalise chaque année des profits extravagants.
Les travailleurs ne changeront pas leur sort en remplaçant Macron par Tartempion mais en visant les vrais maîtres de la société, les capitalistes. Pour mettre un terme aux fins de mois difficiles, il faut imposer une augmentation des salaires et leur indexation sur les prix. Contre le chômage, il faut répartir le travail entre tous, sans perte de salaire. Quant au budget de l’État et à la dette, ils doivent être payés intégralement par les profits patronaux.