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Dans les entreprises
Stellantis : menteurs, tricheurs, licencieurs
Le groupe automobile Stellantis a annoncé des résultats prétendument « catastrophiques » pour le premier semestre 2025 et, en même temps, l’accélération de ses « restructurations », c’est-à-dire des fermetures d’usines.
C’est une petite mécanique bien huilée : faire planer le flou sur l’avenir de tel ou tel site, organiser la publication de résultats financiers négatifs, et en conclure que les « restructurations » sont inévitables. Stellantis vient encore une fois de jouer cette arnaque, en annonçant au même moment un prétendu résultat négatif pour le premier semestre, la fermeture de l’usine de Douvrin dans le Pas-de- Calais et la fin de la production de véhicules à hydrogène à Hordain, dans le Nord.
Déjà en 2012-2013, le groupe, qui s’appelait alors PSA, avait cherché à faire croire – avec l’aide d’un gouvernement et de médias complaisants – qu’il était « au bord de la faillite », pour justifier la fermeture des usines d’Aulnay, de Saint- Ouen, et de Madrid en Espagne.
Cette fois, il a annoncé une perte de 2,3 milliards d’euros. Alors que Stellantis a dégagé 24 milliards d’euros de profits ces deux dernières années, cette perte a de quoi surprendre : et pour cause, elle est totalement artificielle. En réalité, le groupe a encore accumulé des profits pendant le premier semestre, mais a mis de côté quelque 3,3 milliards d’euros, une provision qui lui permet de faire passer ses comptes dans le rouge. Le plus fort est que cette provision a pour objectif de financer… les fermetures d’usines prochaines. Comme l’écrit le groupe dans un communiqué, ces provisions comprennent « les effets des décisions stratégiques visant à rationaliser les activités de Stellantis ». En langage patronal, cela signifie évidemment licencier des travailleurs.
Le groupe va donc fermer des usines ou réduire drastiquement leurs effectifs en prétextant un déficit… causé par la mise en provision d’argent servant à financer les restructurations.
On le voit dans les communiqués financiers du groupe, la guerre commerciale sur les tarifs douaniers et la concurrence acharnée à laquelle se livrent les capitalistes de l’automobile ont certes dégradé les ventes de Stellantis, notamment aux États-Unis. Mais certainement pas au point d’arriver à ce trou de plus de 2 milliards d’euros, qui relève, lui, d’un artifice comptable… parfaitement légal du point de vue du droit bourgeois.
Les travailleurs de l’usine de Douvrin, dont le patron a annoncé officiellement la fermeture en 2026, ceux de l’usine d’Hordain, qui craignent pour la survie du site après l’annonce brutale de la fin de l’hydrogène, ou encore ceux de Poissy, elle aussi dans le viseur, doivent avoir en tête que ces annonces financières de Stellantis sont une manœuvre. Il en est de même pour les travailleurs de ses autres usines dans le monde, notamment en Italie où le groupe multiplie les annonces de « sureffectifs ». Les actionnaires de Stellantis croulent sous les milliards, et ils sont capables de trouver de l’argent quand il s’agit, comme il vient d’être annoncé, d’investir 1,2 milliard d’euros dans l’usine de Kenitra au Maroc, jugée plus rentable car les salaires y sont scandaleusement bas. L’objectif serait d’en faire la plus grosse usine mondiale du groupe.
Stellantis, comme tous les constructeurs automobiles, se prépare à devenir « plus compétitif » face à ses concurrents avec la peau des travailleurs. Il n’y a aucune raison de l’accepter. Si le groupe a besoin d’argent, qu’il puise dans les dizaines de milliards de profits accumulés ces dernières années ! Les travailleurs des usines Stellantis et des centaines de sous-traitants et fournisseurs, qui seraient condamnés par les licenciements et les fermetures de sites, ont besoin d’un salaire pour vivre, et de garanties pour l’avenir. Ils devront les imposer.