Ukraine-Russie : ils parlent de paix au son du canon10/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2980-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine-Russie : ils parlent de paix au son du canon

Réunis autour de Macron et Zelensky à l’Élysée le 4 septembre, les pays membres de la coalition dite « des volontaires », ces États qui s’affichent comme soutenant l’Ukraine, ont annoncé que 26 d’entre eux s’engageaient à fournir leur aide militaire au régime de Kiev « sur terre, sur mer et dans les airs ».

On ne sait pas si cela satisfait Zelensky, qui espérait que ses soutiens s’engagent sur l’envoi d’au moins 20 000 à 30 000 militaires comme « garantie de sécurité », en cas de cessez-le-feu avec la Russie. En effet, seules la France et la Grande-Bretagne ont promis d’envoyer des militaires, et pas aussi nombreux. Car plusieurs autres « volontaires » refusent d’engager leurs troupes au sol, même s’ils acceptent de collaborer d’une façon ou d’une autre à la défense ukrainienne.

En revanche, Trump, qui a redit que les États- Unis entendaient se retirer militairement de l’Europe pour concentrer leurs forces face à la Chine, a toutes les raisons de se féliciter. Cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis ont tout fait pour la provoquer. Mais l’impérialisme américain en a maintenant retiré de substantiels profits pour ses industries d’armement, ses groupes pétroliers et minéraliers, ses banques, etc. Trump pense donc que la guerre peut cesser, quitte à laisser ses alliés européens se débrouiller comme ils le voudront pour continuer, s’ils le souhaitent, à aider l’Ukraine dans sa guerre. Et de pousser la générosité jusqu’à leur offrir d’acheter pour 100 milliards de dollars d’armes aux États- Unis, s’ils veulent les fournir à Kiev.

Autrement dit, Washington veut bien se dégager du conflit, tout en laissant les puissances impérialistes de seconde zone, la France, la Grande- Bretagne et l’Allemagne, se charger de fournir à l’Ukraine ces fameuses garanties militaires dont il a tant été question mi-août à Washington. Sans oublier de permettre à ses propres capitalistes de continuer à y gagner.

Dans les faits, cela revient à engager l’Europe dans ce qui pourrait être un conflit à l’échelle du continent. Car, en pratique, et non plus dans le langage hypocrite de la diplomatie servi cet été du sommet d’Anchorage à la réunion à la Maison Blanche, on assiste à la poursuite et à l’accélération de l’escalade guerrière. Jamais les drones et missiles russes n’ont été si nombreux à frapper presque chaque nuit les villes d’Ukraine, dont sa capitale et même, une première, le siège de son gouvernement. Quant aux livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, car c’est aussi à cela que sert l’augmentation des budgets militaires en France comme ailleurs, elles ne cessent de croître, comme les pertes qu’elles occasionnent. Ainsi, chaque jour, l’armée russe perdrait mille hommes, tués ou blessés, pour avancer de quelques kilomètres en vue des négociations sur l’après-guerre.

En attendant, car il n’y a pas que de mauvaises nouvelles, on a appris que le président de la grande compagnie pétrolière américaine Exxon avait mis à profit le sommet Trump-Poutine en Alaska pour rencontrer le président du géant russe Rosneft afin de discuter affaires. Il s’agissait de réactiver leur collaboration dans l’exploration et l’exploitation de vastes gisements gaziers sur l’île russe de Sakhaline, un projet mis en suspens par la guerre. Selon le Wall Street Journal, Exxon a sollicité le feu vert de la Maison Blanche, puis obtenu l’agrément du Kremlin.

Qu’Exxon s’apprête à convertir du gaz russe en millions de dollars n’a pas empêché Trump de tempêter contre les pays européens qui continuent à acheter du pétrole russe. C’est que, pour la paix comme pour la guerre, les affaires restent les affaires dans le monde capitaliste. Et il leur faut leur lot de victimes : ukrainiennes, russes et autres.

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