Venezuela : l’impérialisme menace10/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2980-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : l’impérialisme menace

Le 18 août, Trump a lancé la plus grosse opération militaire dans le sud des Caraïbes depuis l’invasion du Panama, en 1989. Le prétexte est d’ailleurs le même : la lutte contre un cartel de drogue dont le président vénézuélien serait le chef.

Huit navires de guerre, dont un sous-marin nucléaire, partis de Virginie, de Floride ou du canal de Panama, ont rejoint la limite des eaux territoriales vénézuéliennes. Le 2 septembre, un tir revendiqué par Trump a détruit un bateau, tuant tous ses passagers, accusés sans qu’aucune preuve soit fournie d’être des trafiquants de drogue. Trois jours plus tard, Trump déclarait qu’un avion vénézuélien avait approché un navire américain et menaçait de faire ouvrir le feu à la prochaine tentative.

Dès le départ, le président vénézuélien Maduro a réagi en mobilisant la milice civile, dont les bureaux de recrutement, supervisés par l’armée, ont ouvert sur les places des grandes villes, accueillant rapidement des foules. Répondant à la propagande trumpiste en se présentant comme le meilleur garant de la lutte contre un trafic de drogue venu de la Colombie voisine, l’état- major vénézuélien a annoncé le déploiement de 15 000 hommes à la frontière colombienne, des patrouilles navales sur le lac Maracaibo et dans le golfe du Venezuela. Mais surtout il a envoyé des navires de guerre et des drones dans la mer des Caraïbes pour la protection des eaux territoriales face à l’agression nord-américaine.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1998, les États-Unis tentent de déstabiliser le Venezuela. Trump accroît la pression en imposant des sanctions économiques et financières responsables d’un véritable effondrement de l’économie. Fin 2023, les tensions se sont exacerbées à propos de l’Essequibo, région pétrolière du Guyana voisin, revendiquée par le Venezuela, mais que ExxonMobil s’est appropriée en la transformant de fait en semi-colonie américaine.

Comme ailleurs, les oscillations politiques de Trump se font sentir. Jusqu’en mars de cette année, plusieurs compagnies pétrolières, dont l’américaine Chevron, continuaient leurs activités d’extraction au Venezuela. Trump a alors révoqué leurs licences et menacé tout pays continuant à importer du pétrole vénézuélien de 25 % de droits de douane supplémentaires. Sa cible était alors la Chine, qui achète maintenant une partie importante de la production vénézuélienne et investit dans de nouveaux champs gaziers. Mais, comme il est possible de contourner les sanctions, Trump est revenu en juillet sur l’interdiction d’exploitation pour Chevron.

Trump a mis fin au statut de « protection temporaire » dont bénéficiaient aux États-Unis 350 000 immigrants vénézuéliens, qui sont devenus expulsables du jour au lendemain. Il met en avant la lutte contre un cartel de drogue d’origine vénézuélienne, le Tren de Aragua, et a accusé le président vénézuélien d’y être mêlé. Puis, il a changé de version, présentant Maduro comme le chef d’un autre prétendu cartel, de surcroît qualifié de « terroriste », Los Soles (les « Soleils » faisant référence aux distinctions des généraux vénézuéliens). Maduro le dirigerait même personnellement, en s’appuyant sur plusieurs hauts gradés de son armée !

L’opposition de droite vénézuélienne, instrument des États-Unis, soutient l’opération militaire, tout comme le fait le président d’extrême droite argentin, Javier Milei. De son côté, Gustavo Petro, le président colombien, a déclaré que le cartel de Los Soles n’existe tout simplement pas, et c’est aussi l’avis d’un certain nombre de spécialistes de la question.

Mais peu importe à Trump. La lutte contre le trafic de drogue n’est qu’un prétexte pour menacer un régime qui lui tient tête et qui renforce ses liens économiques avec la Chine. C’est aussi un moyen de faire pression sur plusieurs pays d’Amérique latine, ce qui a déjà servi dans le passé pour des interventions militaires américaines directes, comme au Panama en 1989 ou indirectes, comme en Colombie à partir de 2000.

Trump cherche-t-il à intimider le régime de Maduro ou envisage-t-il une invasion ? En tout cas, c’est une agression impérialiste contre le Venezuela qu’il faut combattre !

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