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Leur société
Voitures électriques : une filière chouchoutée
Le gouvernement Bayrou, avant sa chute, a pris une décision de dernière minute. Elle consiste à ajouter mille euros de prime exceptionnelle pour l’achat d’une voiture électrique.
Cette décision vient après l’augmentation du bonus dit écologique – renommé prime coup de pouce – décidée en juillet. Tout cela à la grande satisfaction de la filière industrielle.
Comme pour l’ouverture du salon automobile de Munich, le gouvernement a annoncé ainsi un cadeau de rentrée aux constructeurs automobiles, et à l’ensemble de la filière électrique, assembleurs de batteries inclus. Se targuant de fournir depuis juillet une aide allant jusqu’à environ 4 200 euros (pour les ménages modestes) aux acheteurs de voitures électriques neuves montées en Europe, le gouvernement ajoute donc à celle-ci une prime de 1 000 euros. Affichée comme destinée à « favoriser la relocalisation de la chaîne de valeur des véhicules électriques et à soutenir l’emploi industriel sur notre continent », elle est censée s’appliquer aux voitures 100 % électriques montées en Europe et équipées d’une batterie elle aussi assemblée en Europe. Le regard du législateur est pudiquement détourné de l’origine géographique des composants de la batterie, tant il est évident que, pour les éléments de cette dernière comme pour ceux de la voiture elle-même, ils viennent des usines du monde entier.
Cela ne trompera personne, le supplément et l’aide elle-même n’iront pas réellement aider la population travailleuse à s’acheter un véhicule ou à renouveler un vieux diesel à bout de souffle. Même à un prix inférieur ou égal à 47 000 euros, une des conditions d’éligibilité à la prime coup de pouce, bien peu de familles populaires peuvent l’envisager ! Mais, comme la vie est bien faite pour les industriels, le bonus et la prime s’appliquent tout autant à des flottes d’entreprise ou à des locations d’au moins deux ans. Les constructeurs, assez bien inspirés pour avoir des usines de montage en Europe, gagneront sur tous les tableaux. Ce sera aussi le cas des fabricants de batteries allemands et français (souvent filiales des constructeurs), comme Powerco, Verkor et ACC, qui réclament parallèlement aux autorités européennes « un soutien immédiat et ciblé à la production locale », sous forme de plusieurs milliards dans les prochaines années.
Encore un « coup de pouce » au grand patronat, et pas « exceptionnel »…