Après Macron, Bayrou : la guerre aux travailleurs16/07/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/07/P3-1_Capitalisme_fran%C3%A7ais_contre_h%C3%B4pital_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C24%2C984%2C577_crop_detail.jpg

Article du journal

Après Macron, Bayrou

la guerre aux travailleurs

Mardi 15 juillet, comme annoncé, le Premier ministre a dévoilé la première mouture du budget 2026, deux mois avant l’heure de sa discussion par les députés. Il s’agit à la fois d’annoncer la couleur à la population et de se laisser le temps de trouver un accord de non- censure.

Illustration - la guerre aux travailleurs

La prestation était sobrement intitulée « Le moment de vérité ». Bayrou a affirmé que « le pronostic vital du pays est engagé » et, pour faire bonne mesure, il était ravitaillé en eau par un militaire en uniforme bardé de décorations.

C’est d’ailleurs par la question de la guerre, dans le droit fil du discours de Macron, que Bayrou a commencé. Puisque le président a annoncé, du haut de son Olympe, plus de 3,5 milliards d’augmentation du budget militaire, le Premier ministre s’exécute et prétend trouver non pas 40 mais bien 44 milliards d’économies.

Sans surprise, celles-ci seront faites exclusivement aux frais des classes populaires, les seules concernées par les annonces concrètes et chiffrées dans un flot des banalités cent fois répétées. Ainsi l’État va supprimer 3 000 postes et contraindre ses opérateurs à faire de même, un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé. Bayrou ne l’a pas dit, mais cela se traduira inévitablement par l’aggravation de la situation dans les hôpitaux, les écoles et tous les services publics.

Les salaires des fonctionnaires, les prestations sociales, les retraites, les allocations chômage seront bloqués en 2026. Bayrou en attend sept milliards d’économies. Il compte sur cinq autres milliards d’économies en faisant passer le plafond du reste à charge des médicaments de 50 à 100 euros par an, en s’attaquant à la prise en charge des affections de longue durée (ALD), en déremboursant des médicaments, en demandant aux patients d’aller moins souvent consulter. Il va aussi augmenter les impôts des retraités en supprimant pour certains l’abattement de 10 %.

Les économies à faire sur les hauts revenus, les fraudeurs fiscaux, les niches fiscales des milliardaires, l’optimisation fiscale des grandes fortunes sont évoquées, dans un flou aussi artistique que vide. C’est à l’étude, affirme Bayrou, et manifestement, ceux qui en profitent n’ont rien de sérieux à craindre.

Le deuxième volet du plan consiste en une incitation à travailler plus. Là encore, le plan se décline selon les classes sociales. Pour les travailleurs, on utilise la contrainte, par la suppression de deux jours de congé, par une négociation, c’est-à-dire une nouvelle baisse sur les allocations chômage, et par une « modification du droit du travail » (au profit des employeurs, on s’en doute), etc. Pour les capitalistes, Bayrou annonce des incitations financières et son plan d’économies comprend là des dépenses nouvelles. Il s’agit par exemple de la fourniture d’énergie bon marché aux industriels, d’un milliard d’aide à l’investissement, de simplifications réglementaires décidées par ordonnance afin que les entrepreneurs n’aient pas à attendre, etc.

Dans ce cadre, Bayrou n’a pas pu ne pas parler des 211 milliards d’aides annuelles aux entreprises, comptabilisés à peine une semaine auparavant par le Sénat, aides dont l’État ne connaît ni la destination, ni l’utilité, ni même le montant exact et sur lesquelles personne n’a de contrôle. Majoritairement versées aux très grandes entreprises, renouvelées année après année à fonds perdus (pas pour tout le monde), ces aides expliquent pourtant pour une large part le déficit que Bayrou prétend combattre. Il promet benoîtement d’examiner la question et pense pouvoir économiser un milliard par-ci par-là sur les 211 offerts en toute simplicité aux grandes familles propriétaires. Et voilà toute la contribution qu’apporteront pour sauver le pays les Arnault, Dassault, Bolloré et tous ceux dont jamais le Premier ministre n’a évoqué les fortunes, les bénéfices ni les rentes de situation servies par l’État !

Côté face, Macron joue les chefs de guerre, côté pile, Bayrou annonce la guerre aux travailleurs et les deux méritent la monnaie de leur pièce.

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